L’autre jour, on était assis en terrasse pour boire un café tous les trois. Le temps que son papa aille prendre notre commande, j’ai dégainé un biberon pour Vadim, qui était assis bien sagement en face de moi. Quand il a pris un petit air sérieux, sourcils froncés, pour me dire : « Un petit vent! », il m’a tuée de rire. J’ai eu l’impression de prendre le thé avec une petite mamie frileuse. (bon, pour sa défense, il y avait vraiment pas mal de vent ce jour-là…) Je me suis aussi rendue compte que j’adore cette fameuse « étape du langage », je me régale en entendant la petite voix de l’alien qui déblatère. En l’écoutant, je perçois de mieux en mieux sa personnalité déjà bien dessinée et je trouve ça génial de le découvrir de plus en plus et de pouvoir commencer à papoter avec lui…
Je crois que ce qui me fait le plus marrer en écouter Baby V. piailler, c’est sa manière d’accentuer les phrases. Il n’insiste pas du tout sur les mêmes syllabes que nous et ça me donne parfois l’impression d’avoir un correspondant croate à la maison. Un correspondant qui aurait bien bossé la langue avant de venir hein, pas un élève de quatrième qui en a fait sa LV2 et qu’on catapulte en Auvergne après un trimestre de français. Le genre qui a du vocabulaire et qui connait quelques constructions de phrases, mais qu’on repère quand même à mille kilomètres à cause de sa prononciation et du rythme qu’il donne aux mots, qui ne sonnent pas tout à fait français. Le mec qui s’applique mais qui déforme encore un peu les mots, ce qui fait que vous avez l’impression de jouer une interminable partie de Pyramide en discutant avec lui… (en plus, le notre est super mauvais joueur et s’énerve quand on ne comprend pas ce qu’il baragouine)
Vous l’aurez compris, Vadim c’est la petite touche exotique de mon quotidien ! Enfin, parfois c’est plus qu’une petite touche, parce qu’en l’entendant jouer tout seul, j’ai l’impression de découvrir l’espéranto. Il mélange vraiment des sonorités très différentes quand il invente des mots, aussi bien orientales que slaves ou latines, et je me demande si ce n’est pas ça finalement la langue universelle : le premier baragouin des bébés. Quand je l’entends parler tout seul et se raconter ses petites histoires, je dois avouer que je suis vite fascinée. Et que je prends une grosse claque au passage parce que bordel, qu’est-ce qu’il grandit vite!
Au passage, je réalise aussi à chaque fois qu’il va vraiment falloir qu’on fasse gaffe à ce qu’on dit devant lui. Pour l’instant, ça reste soft, mais ses Duplo passent déjà leurs journées à « boire un coup » alors d’ici deux semaines je m’attends à entendre la biche Duplo dire « putain » à son ami l’écureuil… En parlant de gros mots, ça me fait penser à une des premières perles de Vadim. Le genre d’anecdote qu’on va scrupuleusement consigner et lui ressortir toute sa vie, en l’agaçant à chaque fois parce qu’il l’a-déjà-entendue-vingt-fois. J’ignore pour quelle raison, mais pendant quelques temps, Vadim a eu du mal avec le mot « écouter », qu’il a malheureusement remplacé par un mot très différent, ce qui a donné lieu à des phrases assez sympas.
Je lui laisse le mot de la fin, parce que là je ne vois vraiment pas comment je pourrais faire mieux…
PS : On a aussi eu la variante « Beau Brun nique musique » à traduire par « Petit Ours Brun écoute la musique ».
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